Introduction


Le Calendrier Républicain.

Ce calendrier a été le calendrier officiel de la France du 22 septembre 1792 (1er vendémiaire an I) au 11 nivôse an XIV (1er janvier 1806). Il ne fut d’ailleurs pas abandonné pour des raisons idéologiques, mais pour des motifs scientifiques. Motifs scientifiques auxquels Romme (son véritable créateur, qui fit les calculs astronomiques ) remédia pourtant, mais trop tard… ( Notons que Fabre d’églantine ne fit qu’inventer les noms de mois et associer des plantes, animaux et outils au jours, qui sont l’objet de l’illustration ).

Initialement, le Calendrier Républicain, contrairement au Calendrier Grégorien, ne fixe pas de règle pour définir les années bissextiles. Le premier vendémiaire avait lieu le jour de l’équinoxe d’automne en heure locale vraie (donnée par le cadran solaire) de l’observatoire de Paris. (les révolutionnaires préférant se baser sur la nature que sur des règles arbitraires.)

Or la précision des calculs de l’époque ne permettait pas de prévoir, par exemple, si le premier vendémiaire devait tomber le 21 ou le 22 septembre 2092. Voilà pourquoi, entre autres; Lalande et Laplace ont plaidé pour son abandon

Dans le Calendrier Républicain, les années bissextiles auraient donc lieu, de ce fait, tous les 4 ans, et de temps à autre au bout de5 ans (l’année durant 365jours 5h 48mn 46s).

Dans le calendrier Grégorien, cette difficulté est résolue par le fait que les millésimes multiples de 100 ne sont pas bissextiles, excepté ceux multiples de 400 (Réforme du Pape Grégoire XIII). Ainsi, l’an 2000 fut bissextile (contrairement à l’an 2000 de l’ancien Calendrier Julien, toujours en usage en Russie: le décalage avec le Calendrier officiel de ce pays augmentera donc d’1 jour en l’an 2000).

Romme introduisit par la suite, pour le Calendrier Républicain, une règle identique (mais qu’il affina en supprimant en plus une année bissextile tous les … 4000 ans !). Mais cela n’a pas empêché son abandon, notamment à cause des mois de 30 jours compensés par l’existence de 5 ou 6 jours supplémentaires en fin d’année, appelés “sansculottides“. Ces jours donnaient lieu à des fêtes de fin d’année.

Le fait que les mois ne soient pas tous égaux dans le Calendrier Grégorien n’est pas fortuit. L’orbite de la Terre autour du Soleil n’est pas circulaire, mais elliptique. Autour du périhélie (le moment où la Terre est au plus près du soleil, vers le 3 janvier), la durée d’un sextile (angle de 30°) est plus courte qu’autour de l’aphélie. A cela s’ajoute un phénomène appelé réduction à l’équateur, effet de pure trigonométrie spatiale produit par l’inclinaison de l’axe de la terre de 23°27′. Cette réduction à l’équateur tend à allonger le parcours apparent du Soleil près des solstices et des équinoxes, donc à le raccourcir vers le milieu des saisons, notamment autour du 4 février. (Pour plus ample information, se reporter à l’Annuaire du Bureau des Longitudes, où ces notions sont détaillées.)

C’est pourquoi février ne compte que 28 jours, et juillet et août 31 : la durée de ces mois tend au mieux à approcher celle d’un sextile. Ce n’est pas le cas des mois se trente jours du Calendrier Républicain.

A toutes ces objections, on peut ajouter, bien sûr, que ce Calendrier n’est pas universel, et inutilisable dans l’hémisphère Sud et les régions intertropicales. Et bien sûr, le fait que les noms de plantes utilisés correspondent en très forte majorité à des plantes rencontrées en Europe (voir la carte en anamorphose du Calendrier).

Les “ saints ” du Calendrier Républicain.

Dans le calendrier traditionnel à chaque jour correspond un (ou plusieurs) saints.

Le Calendrier Républicain, cela est dû à Fabre, rompt avec cette habitude et fait correspondre à chaque jour une plante, un animal, un minéral ou un outil. Plus précisément, un animal tous les Quintidi, un outil tous les Décadi, un minéral pendant les jours ordinaires (Primdi, Duodi, Tridi, Quartidi, Sextidi, Septidi, Octidi et Nonidi) du mois de Nivôse ; une plante pour les jours ordinaires des autres mois.

En ce qui concerne les plantes, on trouve beaucoup de redondances. Dans la première publication des fêtes officielles (1792), l’ olive revient deux fois (22 brumaire et 29 frimaire. ). Elle sera remplacé par Azerole pour le 29 frimaire en 1793. (Les modifications de 1793, donnant l’almanach définitif sont en rouge, et celles correspondant à la version originale en vert.)

Toutefois, beaucoup de redondances subsistent après la refonte de 1793. On trouve par exemple 3 fois la crucifère Cheiranthus cheiri : le 3 ventôse sous le nom vulgaire “violier “, le 13 floréal sous le nom vulgaire “bâton-d’or ” et le 13 messidor sous le nom français “giroflée “.

Le noisetier (Corylus avelana) revient deux fois, sous le nom de “coudrier ” le 14 pluviôse, et de noisetier le 27 pluviôse. Sans compter qu’en 1793, on a remplacé “coudrier ” par son synonyme “avelinier ” !

De même, la betterave ( 4 brumaire ), revient sous le nom de Bette le 6 germinal, changé en 1793 en son synonyme “blette ” !

On note aussi un certain manque de rigueur naturaliste quand on trouve, entre autres, à la fois le terme de classe “mousse ” et le terre générique “Mnie “, caractérisant une mousse particulière ( erreur corrigée en 1793) ; ou le nom de genre “armoise “, et le nom d’espèce “absinthe “, l’absinthe étant une armoise parmi d’autres (erreur qui n’a jamais été corrigée ).

BIBLIOGRAPHIE

Bureau des Longitudes, Le Calendrier républicain, Paris, Service des Calculs et de Mécanique céleste du Bureau des Longitudes, 1995.

LACHIVER Marcel, Dictionnaire du Monde Rurale, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1997.

MILLIN Louis-Aubin, Annuaire du Républicain, légende physico-économique avec l’explication des trois cent soixante douze noms imposés aux mois et aux jours. Paris, Eleuthérophile, 1793.

MRG, L’agenda Radical, “République Radicale”, Paris, MRG, 1993.